De l'autre côté du miroir
Lors de nos recherches, nous nous sommes interrogés sur les causes
de la fin de Binche Plage.
Nous avons tous connus le coté loisir, mais nous nous sommes
jamais posés de questions sur l’envers du décor et sur les
circonstances réelles du naufrage.
Depuis sa création, dans les années 30, le climat y est généreux
et les normes d’hygiène moins strictes que ce qu’elles deviendront
par la suite. De ce fait, la piscine pouvait fonctionner de mars à
septembre, alimentée uniquement par de l’eau venant de la rivière
et filtrée par un dispositif au charbon actif. Mais depuis la fin
des années 60, le climat devient de plus en plus capricieux,
rendant son nouveau propriétaire très nerveux. Comme si cela ne
suffisait pas, le contrôle de la qualité de l’eau vient troubler
les exploitants. Il est à présent interdit d’utiliser l’eau de la
rivière et pour alimenter les bassins, il faudra utiliser de l’eau
de ville et la filtrer avec un dispositif approuvé.
A plusieurs reprises, François Risselin le nouveau propriétaire,
pense stopper net l’exploitation, mais alors le beau temps
revenait comme pour donner un peu de sursis, prolongeant son
agonie d’une dizaine d’années.
Dès la fin 1970, ou début 1980, François décide, non pas de
fermer Binche Plage, mais de réduire les dépenses en diminuant la
taille du bassin de deux tiers. Car en plus des contraintes
climatiques et bactériologiques, une nouvelle directive impose que
le bassin soit supervisé par un maître nageur breveté, sauf si la
profondeur n’excède pas 1m50.
Ceux qui ont connus Binche Plage ont tous en tête un site bondé
tournant à plein régime, mais derrière cela se cachaient des
entretiens laborieux, coûteux et si jadis la famille Risselin
avait le cœur à l’ouvrage, sachant que 6 mois hors saison à
entretenir les lieux donneraient 6 mois de plein rendement, il
n’en était plus rien.
Le déclin est amorcé quand, du temps de François Risselin,
l’orchestre qui était payé au forfait et venait tous les dimanches
pour animer le bal, commençait de plus en plus à se tourner les
pouces à cause d’une météo hostile à la clientèle.
Il tenta, avec l’aide de sa femme et de son
gendre, de maintenir Binche Plage le plus longtemps possible sur
les flots et comme le capitaine fier de son navire, il restera aux
commandes jusqu’à ses derniers jours. Peu de temps après son
décès, la piscine sera vendue et sa fille reprendra le flambeau,
mais il n’en reste déjà plus que des vestiges et 24 années plus
tard le site perdra son camping.
Il ne reste aujourd’hui que l’étang et sa buvette, mais de ce que
Paul Hoyaux a bâti il ne subsiste absolument plus rien d’autres
que des vestiges enfuis sous l’épaisse végétation et quelques
structure de béton qui accusent mal l’épreuve du temps.
Par contre l’étang a su passer les épreuves et
demeure toujours. Des projets d’aménagement y sont même prévus.
Rédigée d’après les propos de Pierre Navire,
le gendre de François Risselin à l’époque où Binche Plage
fonctionnait encore.
Selon les propos de Josué Risselin, lequel
lutte pour la survie de ce qui reste des lieux.