Sous les pavés
c'était la plage
Les complexes de loisirs ont commencé à fleurir depuis
l’après-guerre. Nombreux étaient ceux qui appartenaient à des
organismes à vocation sociale. Cela leur permettait d’offrir à
leurs affiliés des lieux de villégiatures à « bon
prix ».
Dès l’après-guerre, ce type de centre bourgeonnait un peu
partout en Belgique, tant au nord qu’au sud.
Le très célèbre « Les Dolimarts » est un bon exemple.
Situé dans les Ardennes belges, ce centre de loisirs proposait des
vacances abordables aux affiliés des Mutualités Socialistes. Les
autres mutualités et certaines centrales syndicalistes, faisaient
de même avec leurs complexes de détente respectifs. Mais bien
avant ça, il y avait déjà des infrastructures touristiques de
grande envergure. Les plages d’Ostende, sur les peintures d’Ensor,
et les termes de Spa sont un bel exemple. Mais tous étaient
réservés aux familles les plus aisées.
La réelle nouveauté, ce sont ceux apparus entre les années 30 et
70, principalement destinés aux classes peu fortunées. S’ils n’ont
été construits qu’à cette époque, c’est tous simplement parce le
tourisme populaire n’existait pas avant les années 30. Il y avait
bien quelques petits sites indépendants par-ci par là. Mais rien
qui permettait un séjour prolongé.
Vous avez compris, ils ont vu le jour grâce aux congés
payés.
Saviez-vous pourquoi il y a-t-il une rue de la
plage à Houdeng-Goegnies ? Tout simplement parce qu’il y
avait « Luna-Plage du Centre » [1].
C’était un espace de détente d’un jour avec piscine, manège,
cabines de plage comme à Ostende et petite terrasse avec quelques
tables et chaises pour se désaltérer. On y dansait également, cela
ne vous rappelle rien ?
A Binche ( Waudrez ) il y avait aussi « Les
Gloriettes » : Terrain de camping avec mini-golf et jeux
pour enfants. Ce lieu a permis à de nombreux couple de se former,
dont certains ont célébré leurs noces d’or, voir plus...
Après les années 70, ils sont délaissés de leurs estivants au
profit de Torremolinos, Salou, Rimini et autres destinations au
soleil. Et oui, aujourd’hui l’ouvrier peut se payer des vacances à
l’étranger et y mener la grande vie sous un climat généreux. Mais
pour combien de temps encore ?
De ce fait, de nombreux complexes ont été convertis en centre
pour réfugiés, ont été rasés ou laissés à l’abandon promis à une
mort lente. En résumé, il n’en reste presque plus rien. Parfois
une rue, un arrêt de bus en guise d’épitaphe ou encore un panneau
sur la route annonçant « Les Gloriettes 2km ».
Aujourd’hui, avec la population qui se paupérise, on pourrait se
retrouver comme dans ces années lointaines, mais ce qui nous
restera sera un écriteau ou une rue qui nous rappellera :
« Ici, sous les pavés, c’était la plage. ».
[1] Voir http://chemin-des-loups.skynetblogs.be/archive/2007/02/23/rue-de-la-plage.html